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Engagement art et écologie

Nicole King éco artiste

Nicole King a été l’unique experte à avoir dénoncé le non-respect des normes de sécurité par l’industrie pétrolière pendant la Guerre du Golfe en 1991, l’artiste continue de militer dans sa recherche esthétique. La beauté n’est plus au cœur de notre société, tant bien du côté de l’art, que du côté de la nature qui disparaît jour après jour.

Les catastrophes écologiques récurrentes

Son expérience d’ingénieur environnement sur les champs pétroliers offshore a permis à Nicole King de poser à travers ses toiles les questions clés révélées par les catastrophes écologiques récurrentes.

En 2021, elle expose au Congrès Mondial de l’IUCN et démontre le potentiel de l’interdisciplinarité entre art et science pour défendre la beauté de la Nature.

20 Avril 2010, Golfe du Mexique Deepwater Horizon

Triptyque proposé par Nicole King pour le projet COAL 2011 (appel d’offre international Art et Ecologie). 

Pour réaliser cette œuvre d’art contemporain, Nicole King a inventé un procédé technique : elle a marouflé sur ses châssis toilés des sacs poubelles en plastiques bleus pour symboliser l’eau et noirs pour dénoncer notre dépendance au pétrole. Après avoir enduit la zone à peindre, elle a travaillé avec de la peinture à l’huile.

Deepwater Horizon - triptyque 1
1 : avant la catastrophe

L’écosystème côtier de la mangrove à palétuviers menacé sur toute la planète et d’importance écologique capitale dont les racines aériennes sont très sensibles à la pollution et assurent la respiration.

Deepwater horizon triptyque 2
2 : l’explosion

Plateforme en feu, fumée et fournaise en mer. BP sera responsable de la plus grande marée noire de tous les temps :  4  000 000 de barils et 11 morts,..

deepwater-horizon-t3

3 : après la catastrophe

Oiseaux mazoutés (6114 – estimation du Conseil américain de défense des ressources naturelles-), regards d’enfants du monde.

L’océan est pris en otage : explosion de la plateforme pétrolière de British Petroleum (BP) Deepwater Horizon sur le puits Macondo, dans le Golfe du Mexique ; plus grande pollution pétrolière en mer de tous les temps, 60 000 barils/ jours relargués pendant 3 mois soit 4 000 000 de barils et 11 morts seront à déplorer. De plus, BP a déversé 5 000 000 de litres de dispersants toxiques dans les écosystèmes marins. Les effets en cascade dans la chaîne alimentaire ont été dévastateurs, même si peu d’impacts ont été mentionnés dans la presse et les médias mondiaux – plus de 6 000 oiseaux mazoutés, des milliers d’animaux morts (tortues, cétacés dont des centaines de dauphins adultes et nouveau-nés échoués sur les plages début 2011. ..), 25 km de côtes polluées par la marée noire. Les bayous, écosystèmes fragiles peuvent mettre vingt ou trente ans à recouvrer leur état naturel. Des milliers de kilomètres carrés furent interdits à la pêche. (Réf. biblio. Projet Coal 2010 de Nicole King.)

L’ampleur de la pollution dans le Golfe du Mexique aurait dû permettre d’imposer des règles internationales dans le cadre d’un organisme de contrôle sous l’égide des Nations-Unies. Or les impacts ont été minimisés et la couverture médiatique visuelle très limitée. (Réf. biblio. Éditorial du Courrier de la Nature no 256 Sept-Oct 2010 « Un an après, la marée est toujours noire ».)

British Petroleum, afin de satisfaire nos besoins énergétiques toujours croissants, continue de forer toujours plus profond. La responsabilité du désastre incombe non seulement aux défaillances techniques mais aussi aux décisions politiques conditionnées par notre style de vie au détriment du respect pour l’environnement. (Lire aussi Arne Naess, philosophe de la Deep Ecology.)

Notre économie et notre style de vie doivent intégrer d’urgence les impacts environnementaux sur le long terme.

La catastrophe de Deepwater Horizon n’aurait pas eu lieu si le BOP (Blow Out Preventer : grosse vanne de sécurité de fond de puits) avait été contrôlé par un organisme indépendant : il aurait dû être mieux dimensionné et en bon état de fonctionnement.

2 mars 2011, Fukushima, Japon

Quel littoral pour demain ? (En mémoire de Fukushima)
Quel littoral pour demain ? (En mémoire de Fukushima) - 116 x 89 cm (2011)

Au Japon, en mars 2011 la vague du tsunami a dépassé le mur d’enceinte pour noyer les circuits électriques du système de refroidissement de la centrale nucléaire de Fukushima. Des décideurs politiques irresponsables ont laissé construire sur une zone de haute sismicité des réacteurs nucléaires devenus aujourd’hui totalement incontrôlables : la libération continue de radionucléides dans l’océan Pacifique depuis une dizaine d’années constitue un risque planétaire et démontre à nouveau le sacrifice de la sécurité des populations et de l’environnement au profit de l’économie à court terme.

Le Japon vient d’annoncer en 2021 que ses capacités de stockage des eaux radioactives étant saturées, il va devoir re-larguer à nouveau des quantités importantes d’eaux contaminées dans l’Océan Pacifique. Les poissons seront de nouveau impropres à la consommation.  

Cette toile évoque l’effet du désastre de Fukushima sur une zone côtière symbolique : l’écosystème fragile de la pointe de Spano en Corse.

25 mars 2012, Explosion d’Elgin

Explosion d’Elgin (Mer du Nord)
Explosion d'Elgin (Mer du Nord) - 120 x 60 cm (2012)

La nature défigurée par les activités industrielles ne peut plus être peinte comme avant, pour éviter tout paradoxe performatif Nicole King choisit dans ses images de représenter la technique avec le moyen technologique de la photographie combiné à la peinture, geste écologique naturel.

Ici la plateforme explose, pulvérisée par la force de l’océan, provoqué par les forages. (phototableau)

Explosion de la plateforme de gaz de Total en Mer du Nord, Elgin : rejets de 200 000 m3 de gaz, de condensats et d’hydrogène sulfuré par jour pendant 3 mois puis colmatage partiel jusqu’à l’arrêt des rejets en octobre 2012.  C’est à nouveau la vanne de sécurité au fond du puits qui est défaillante. (Réf. biblio. Le Monde du 8 mars 2013, P.13 « Total peut reprendre l’extraction de gaz sur Elgin ».) L’exploitation de ce réservoir de gaz à condensats représentait une activité à haut risque dès le départ car le réservoir se situe à grande profondeur (5300 m), avec une haute pression (1100 bars) et haute température (190°C). Le colmatage de la fuite sur ce puits désaffecté fut donc long et délicat.

Depuis Deepwater Horizon, aucune leçon n’a réellement été tirée de cette catastrophe puisque la pénalisation du secteur pétrolier n’est pas à la hauteur des enjeux environnementaux. En Mer du Nord, ce fut au tour de Total de perdre le contrôle d’un puits de gaz pendant 6 mois par manque de respect des normes de sécurité et de contrôle externe. (Réf. biblio. WWF International Discussion paper « Leçons à tirer des conséquences environnementales de la guerre du golfe Persique » par Nicole King-Volcy – 1991).

Les Cargos de la surconsommation

23 mars 2021 : Le porte-conteneur l’EVER-GIVEN s’échoue dans le Canal de Suez

Ce cargo de 220.000 tonnes en provenance de Chine (20 étages de hauts et 400 m de long) bloquait ce point de passage en Égypte qui concentre à lui seul entre 10 % et 12 % du volume du commerce mondial.

27 mai 2021 : Le MV X- Press PEARL, un autre cargo prend feu au large du Sri Lanka

Ce porte-conteneur de 186 m avec 1500 conteneurs dont 25 tonnes d’acide nitrique et autres produits chimiques et 28 conteneurs comprenant des matières plastiques qui se sont déversées en mer, polluant les plages et condamnant 80 km de zones côtières interdites à la pêche. 

Le cargo de la surconsommation
Le Cargo de la surconsommation (Naples) - 65 x 50 cm (2021)

En référence à ces catastrophes répétées, Nicole King a peint  « le Cargo de la surconsommation » (Naples, 2021), qui dénonce notre consommation effrénée et mondialisée, symbolisée par deux navires géants : le paquebot de croisière à l’arrière et le cargo porte-containers.

De telles catastrophes soulignent la question du processus de décision : ni les scientifiques, ni les politiques, ni la main invisible du marché économique ne sont à la hauteur des enjeux pour prévenir  la récurrence de ces évènements. Nous ne pouvons pas attendre la survenue de déséquilibres irréversibles pour stimuler la pensée critique et les idées novatrices nécessaires pour inventer de nouveaux systèmes à la fois médiateurs et régulateurs respectueux de la nature.

L’expression artistique a un rôle de révélateur à jouer ; l’artiste donne à voir les tensions de son époque. Nicole King a choisi la peinture qui intègre le temps vécu et stimule le regardeur qui prendra le temps de pénétrer dans l’œuvre peinte et approfondira ainsi sa réflexion sur la crise écologique actuelle.